Les 4 mensonges de Joël Deumier, président de SOS Homophobie, sur la PMA

PAROLE PAROLE – Joël Deumier, président de SOS Homophobie, a été interviewé par Loop Sider, le 21 mai dernier, à propos de l’extension de la Procréation Médicalement Assistée « à toutes les personnes en âge de procréer ». Vous avez bien lu.

Retour sur cette interview haute en couleurs.


Le 21 mai dernier donc, Joël Deumier, président de SOS Homophobie, est interviewé par Loop Sider, média en ligne. Et l’interview commence bien : « Nous ce qu’on veut avant tout c’est l’extension de la PMA à toutes les personnes en âges de procréer ».

Autrement dit, il souhaite l’ouverture de la PMA, non seulement aux couples de femmes et aux femmes seules… mais aussi à toutes les personnes qui veulent y avoir recours, quelqu’en soit la raison. Exit donc les gardes-fous en place aujourd’hui qui réservent la procréation médicalement assistée aux couples hétérosexuels qui souffrent d’une pathologie de la fertilité.

Mais ce n’est pas tout, on va de surprise en surprise dans cette vidéo.

 

« La PMA ouverte aux couples hétérosexuels dont l’infertilité n’est pas médicalement attestée »

On apprend aussi qu’aujourd’hui, la procréation médicalement assistée n’est pas seulement ouverte aux couples hétérosexuels « infertiles », mais est aussi ouverte aux couples hétérosexuels « qui ne sont pas véritablement infertiles, c’est-a-dire dont l’infertilité n’est pas médicalement attestée ». Il conclut donc : « C’est par conséquent une véritable discrimination à l’encontre des couples de femmes. »

Revenons donc aux bases pour Joël Deumier. L’infertilité, au sens médical du terme, est « l’incapacité d’un couple à obtenir une grossesse après environ une année de rapports sexuels réguliers non protégés, ou l’incapacité d’une femme à mener une grossesse jusqu’à terme » (source ici ou ici). C’est cette définition qui est connue et appliquée par tous les médecins.

Précision importante à ceux qui poussent la mauvaise foi jusqu’à dire ce que la définition ci-dessus fonctionne aussi pour un couple de femmes.
« Une année de rapports sexuels réguliers non protégés » cela veut dire, en termes médicaux, que tout a été fait, pendant un an, pour que la femme tombe enceinte naturellement après fécondation d’un ovule par des spermatozoïdes. Autrement dit – pardon pour les détails de la suite de cette phrase, mais cela semble important, alors retour aux cours de biologie du collège – que l’homme et la femme aient eu un coït vaginal dans le but de permettre la fécondation de l’ovule de la femme avec les spermatozoïdes de l’homme.

Entendre Joël Deumier dire que des couples hétérosexuels peuvent avoir recours est à la PMA alors que leur « infertilité n’est pas médicalement attestée » est donc un premier mensonge… surtout quand il utilise cet argument pour demander l’ouverture la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes.

 

« Emmanuel Macron avait fait de la PMA pour toutes une promesse de campagne »

Et hop, on entre dans le mensonge le plus répandu depuis qu’on parle de l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules : cette réforme n’est pas une promesse de campagne d’Emmanuel Macron.

Là encore, soyons précis.

Oui, Emmanuel Macron a dit : « Le fait que la PMA ne soit pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules est une discrimination intolérable », dans ce tweet, le 16 février 2017. Mais tant qu’a être précis, il ne faut pas faire dire au candidat Macron ce qu’il n’a pas dit. En effet, dans ce tweet il ne dit : « Et donc, j’ouvrirai la PMA aux les couples de femmes et aux femmes seules. »

Oui, il est écrit sur son site de campagne : « Nous sommes favorables à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes. »

Mais ! Non, l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules n’est pas dans son programme de campagne, qui est toujours disponible ici et ici. Cherchez, vous ne trouverez rien dans ce document, sobrement et clairement intitulé « PROGRAMME ».

Non, l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules n’était pas dans la profession de foi du candidat Macron, profession de foi que tous les français ont reçu par la poste avant les deux tours des élections : ni dans la profession de foi du premier tour (ou ici), ni dans la profession de foi du second tour (ou ici). A l’inverse, François Hollande, en 2012, avait clairement écrit dans son programme et sa profession qu’il ouvrirait le mariage aux couples de même sexe.

On reconnait bien là Emmanuel Macron dans son habile communication lui permettant toujours de s’en sortir d’une manière ou d’une autre.

En tout cas, deuxième mensonge de Joël Deumier qui, pour mettre la pression et rallier du monde à sa cause, est prêt à toutes les malhonnêtetés intellectuelles.

« Trois instances de la République ont rendu des avis positifs pour la PMA »

Et là encore, c’est raté.

Tout d’abord parce que les membres de ces instances sont tous nommés. Tous. Et que, par exemple, plus du tiers du CCNE (17 membres) a été renouvelé le 27 septembre 2016 par François Hollande et son gouvernement.

Ensuite parce que le CCNE, dans son avis du 15 juin 2017 sur les demandes sociétales de recours à l’assistance médicale à la procréation (AMP) (avis numéro 126) est loin de parvenir à un consensus. Cette avis de près 80 pages est d’ailleurs assez étrange. Sur près de la moitié des pages, le CCNE liste tous les problèmes, les freins et points de butée à l’ouverture la PMA pour les couples de femmes et les femmes seules. Puis, finalement, conclut en donnant un avis favorable.
Même Yagg – journal dont on connait les convictions et revendications pro-LGBT – s’en indigne dans un de ses articles : PMA: Un avis « catastrophique ».

Autre élément dont on parle peu : 11 membres du CCNE sur 39 soit environ un tiers, ont rédigé un avis divergent recommandant le statu quo sur cette réforme.

Quant aux deux autres instances, ce sont :

  • Le défenseur des droits, Jacques Toubon, le 3 juillet 2015. Ce n’est donc pas « une instance », mais un homme – nommé, lui aussi–, seul, qui rend cet avis (avis n°15-18) ;
  • Le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, le 28 mai 2015, qui présente une contribution. Ce Haut conseil – dont tous les membres sont nommés, encore –, qui utilise l’écriture inclusive sur son site, va même jusqu’à proposer d' »aligner la prise en charge des actes de PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires sur les modalités de prise en charge prévues pour les couples hétérosexuels ».

Mais qu’importe pour Joël Deumier qu’un avis soit objectif ou pas, tant qu’il va dans son sens : troisième mensonge donc.

« Les Etats généraux de la bioéthique donnent aussi la parole à des gens qui diffusent des propos de haine envers les personnes homosexuelles »

Que dire ici ?…

Quatrième et dernier mensonge puisque donner son avis et porter ses convictions ce n’est pas être haineux envers les personnes qui réclament ces droits.

Mais quoi de nouveau dans cette dernière phrase ? Pas grand chose finalement, puisqu’à partir du moment où des personnes ne sont pas d’accord avec ses revendications, Joël Deumier considère qu’elles sont homophobes. Et c’est d’ailleurs l’argument – si on peut parler d’un argument – qui a été utilisé, tout au long des Etats Généraux de la Bioéthique, pour défendre l’ouverture de la PMA pour les couples de femmes et des femmes seules… Belle vision du débat démocratique.