« Stop au Pinkwashing », ou quand les LGBT réalisent que l’Inter-LGBT se sert d’eux

REBELLES – La Marche des fiertés, c’est samedi 30 juin. Mais certaines associations refusent de marcher avec l’Inter-LGBT qui organise cet évènement. Pourquoi ? Car ils refusent le Pinkwashing. Vous ne comprenez pas ? On vous explique. 


Le 25 juin dernier, le mouvement « Stop au Pinkwashing » apparait sur Twitter et Facebook. Ils lancent alors un communiqué de presse appelant à « former un cortège de tête politique, radical, féministe, queer, antiraciste et anticapitaliste à la Marche des fiertés », samedi 30 juin, à 13h30.

Mais avant d’aller plus loi, qu’est-ce que le pinkwashing ?

Le terme de pinkwashing désigne principalement une technique de communication fondée sur la promotion de l’homosexualité par une entreprise ou par une entité politique pour essayer de modifier son image et sa réputation dans un sens progressiste, tolérant et ouvert. (Wikipedia)

Les signataires du communiqué « Nous ne serons plus vos cautions, nos fiertés sont en lutte ! »  paru le 25 juin dernier sont une douzaines d’associations. Elles refusent que la cause LGBT soit utilisée et qu’on se servent d’eux et de l’événement de la Marche des Fiertés. Plus encore, le groupe fustige « l’entreprise d’appropriation et de dépolitisation de nos luttes que la Marche des Fiertés de Paris est devenue » et considère que la Marche est devenue un appui « aux politiques racistes, néolibérales et commerciale ».

C’est évidemment l’Inter-LGBT qui est directement visée : « Alors que la Marche des fiertés parisienne devrait être le lieu d’expression de nos revendications et de nos luttes, elle n’est plus que le théâtre d’un pinkwashing décomplexé ». Le communiqué évoque aussi le choix « consternant » du mot d’ordre « Les discriminations au tapis, dans le sport comme dans nos vies ! » qui n’a pas fini de diviser la communauté LGBT. Mais il n’y a pas que l’Inter-LGBT qui est critiqué… tout le monde y passe !

« Stop au pinkwashing de la Ville de Paris ! »

La ville de Paris est largement critiquée pour sa politique « gay friendly » qui, selon le communiqué, « constitue un exemple odieux de l’hypocrisie d’une ville qui capitalise sur notre image de marque, nous considère comme une part de marché mais méprise nos droits et notre dignité ». L’organisation des Gay Games est aussi largement attaquée : « Comment croire que Paris, même recouverte de drapeaux LGBT, puisse être autre chose qu’un lieu de violences quotidiennes », questionne le communiqué.

« Stop au pinkwashing du Gouvernement ! »

Les associations signataires refusent de « marcher aux côtés des initiateurs de la loi Asile/Immigration, une loi raciste et criminelle, qui met particulièrement en danger les exilé-e-s LGBT », mais aussi de « marcher aux côtés d’un gouvernement qui flirte avec l’Église réactionnaire et permet à la Manif pour Tous d’instrumentaliser les « États Généraux de la Bioéthique » pour répandre son discours haineux ».

A toutes fins utiles, on rappelle que les Etats Généraux de la Bioéthique étaient ouverts à tous et que, si La Manif Pour Tous y a assez largement participé, rien n’empêchait les associations LGBT d’y participer tout aussi largement.

« Stop au pinkwashing de la Police ! »

Oui, même eux… et même si Flag !, l’association des policiers et gendarmes LGBT, est 8e dans l’ordre de la marche. Les associations signataires accusent la police qui, selon eux, « tue les personnes racisé-e-s des quartiers populaires, traque les migrant-e-s, réprime les travailleurs-euses du sexe et blesse des militant-e-s ». Ils concluent : « On devrait tolérer que (…) un char de policier-e-s qui pourront défiler en uniforme (ce qui est faux, NDLR) et tirer sur la foule avec des pistolets à eau ? La police agresse, blesse, viole et tue ; nous refusons de passer l’éponge pour quelques paillettes. »

« Stop au pinkwashing des entreprises commerciales ! »

Le communiqué tire à boulets rouges sur les invitations de Tinder et Mastercard dans la Marche, alors qu’ActUp et AIDES ont été reléguées aux dernières places de l’ordre de marche : « Qu’ont fait Mastercard ou Tinder en faveur de nos communautés (…) ? Nous refusons que les Pride soient des espaces commerciaux, où règne la recherche du profit pour des firmes aux pratiques douteuses qui piétinent nos droits ».

La réponse « par l’action et la lutte »

Les signataires refusent donc de participer à la Marche des Fiertés organisée par l’Inter-LGBT. Mais ils ne s’arrêtent pas là : ils organisent un cortège DEVANT la Marche des Fiertés, pour être visibles et publiquement affronter l’Inter-LGBT qu’ils ne reconnaissent plus comme l’association réunissant les différentes associations LGBT.

Les signataires n’en peuvent plus d’être les cautions de certaines politiques ou de certaines entreprises qui utilisent les LGBT pour faire leur publicité… Mais soyons clairs : en face, ils n’en peuvent plus non plus de voir Anne Hidalgo peindre des arcs-en-ciel le long des passages piétons de Paris ou François de Rugy déployer des drapeaux LGBT sur la façade de l’Assemblée Nationale.

Peut-être que ce mouvement du « Stop au pinkwashing » unira un jour des associations LGBT et des associations anti-LGBT, les unes souhaitant qu’on arrête de les utiliser, les autres souhaitant qu’on arrête le communautarisme et le militantisme à tous les coins de rues ? On l’espère sincèrement, pour le bien de TOUS les français.